Assise sur le comptoir de ce magasin de vinyles, je regarde à gauche, à droite. Les comprimés tardent à agir, et pourtant on lève le camp pour le rave dans moins d'une heure « Lane, file-moi la vodka, ton ecstasy c'est de la merde ». Il se défend comme il peut, mais me tend quand même la putain de bouteille. Je m'allonge, fais descendre une rasade de malade tant que ça passe. Bon, je finis par m'étouffer et manque gerber, mais je sens le liquide dissipé une chaleur le long de mon oesophage. J'en souris, je sais ce que ça signifie, je focus assez sur la sensation que je devine aisément que ça s'en vient. Enfin, putain, c'était le temps. Je me relève tant bien que mal, un sourire vague s'affichant sur mes lèvres, illuminant mon visage en même temps que mes pupilles deviennent minuscules. Ça commence, ça engourdit chacun de mes membres, comme si quelqu'un les écrasait un par un, laissant des fourmillements prendre possession de ceux-ci. Je me sens lourde, assommée par le mélange, plus que confortable comme ça. Je passe la main dans mes cheveux, il semble que ça prend une éternité de m'y rendre. La statique me fait sursauter pour mieux éclater de rire. Ça y est, je trip pour de bon, et c'est le pied. Une main trop douce pour être celle d'un mec se balade sur ma cuisse dénudée, et je ferme les yeux en posant ma tête sur son épaule, agrippant sa main dans la mienne pour faire courir mes phalanges sur les lignes dans sa paume « Ça va être terrible, t'sais ». Alice, elle sourit, de ce même sourire qui vient faire perler mes dents. Alice et Leïla, c'est l'incontournable dans le coin. Alice sans Leïla, c'est rien, comme moi sans elle. On ne se supporte que lorsqu'on s'enfile des cachets, mais là, maintenant, on est en foutus symbioses. Elle attire un mec pour s'installer à califourchon sur son dos, sa main quittant les miennes pour me faire signe de la suivre. Un copain se propose d'emblée pour une promenade sur son dos, et je me sens style princesse sur une licorne. Hallucinée, très certainement délirante, mais capable de tout et n'importe quoi. Comme d'habitude. Mon corps s'articule de lui-même, venant entourer ses épaules de mes bras et sentir ses paumes brûlantes sur ma chair fraîche. Je sursaute, entend Alice crier et la poursuit, sur ma monture doté de brunes bouclettes qui sentent le tabac froid et le shit. Ici, maintenant, tout de suite, je me sens chez moi. Je me sens moi-même, et c'est le putain de pied.

Le soutien-gorge/bustier perlé que je porte pour cette soirée m'irrite profondément, sans doute le frisson que me procure les perles qui descendent chatouiller mes cotes commencent à harasser profondément. La musique bourdonne, me fait vibrer le squelette entier. Des gens pullulent ça et là, et j'ai trouvé le moyen de m'isoler légèrement. Du moins, j'en ai l'impression, sans doute la dope y est pas pour rien, mais je crois pouvoir respirer, souffler un peu, redescendre de ces cachets qui me filent une soif pas possible. J'ai chaud, mon corps tremble de ces heures à danser comme une malade au rythme effréné du techno qui résonne dans l'entrepôt désaffecté exigu pour la quantité d'individus qui y évoluent en ce moment. J'ondule sans même m'en rendre compte, mes mains glissant sur mon corps sur le timbre lascif de la musique qui me provient de loin, il me semble. Dans cette alcôve, je vois quelques passants, des inconnus pour la plupart, certains lorgnant sur le fait que je relève indolemment mon haut, libère ma poitrine le temps de souffler. Me reste que ce short en latex blanc qui me recouvre la moitié de la taille et ces Jeffrey Campbell compensées. J'ouvre finalement les yeux quand la sensation d'être observée devient trop importante pour croiser son regard, son corps bouclant la vue de tout le reste et braquer dans l'ouverture de la brèche où je me suis faufilée « Te faut une invitation ou quoi? ». Il sourit, l'air un peu parti, lui aussi. S'avance, pas assez vite à mon goût. C'est finalement ma paume qui rompt la distance, venant remonter sans gêne aucune sous son t-shirt pour remonter jusqu'à sa gorge, appuyant ma poitrine contre lui, ondulant du bassin contre le sien « Je te file un comprimé qu'on décolle ensemble puis qu'on baise, t'en dis quoi? ». Je mords ma lèvre inférieure, y fait glisser un comprimé que j'avale en relevant la tête, dépose ensuite un autre comprimé sur ma langue, la lui offrant délibérément. C'est lui qui vient le chercher, se penchant pour prendre possession de ma bouche. Je souris contre celle-ci, répondant plus que favorablement au baiser « C'est bien de tomber sur toi, Mainfield ». Lui plutôt qu'un autre, ou pas. Remarque, je sais qu'il a de quoi assuré et qu'il fait parti de ces quelques élus qui me font décoller comme jamais. Avec la défonce en prime, ça risque d'être tout simplement parfait. Ici, maintenant, comme ça et tout de suite. Je laisse tomber mon bustier et l'attire un peu plus loin dans la brèche, décrochant son pantalon comme je peux dans l'endroit restreint, plus qu'excitée à l'idée qu'il prouve à nouveau sa valeur au corps à corps...