☆ we all got stories to tell.

❝ ELLE SONGE A SES ENVIES D'ENVERS
« ma puce ? j'ai fait du gâteau au chocolat, descends s'il te plaît. » elle était assise sur sa petite chaise de bureau, à dessiner de petits monstres. elle dessinait souvent des petits monstres. elle n'aimait pas les princesses, ni le rose, et tout ce qu'aiment les petites filles de son âge. « oui chloë, j'arrive. » elle ne l'appelait plus maman. elle l'avait appelé comme ça, autrefois. mais depuis qu'elle a su que ses parents l'avaient abandonné comme une petite merde dans des toilettes publiques de seattle. « tu sais ma puce, tu peux m'appeler maman, comme avant. » elle a servit deux part de gâteau, pour elle et sa mère adoptive. elle n'avait que sept ans mais bon dieu ce qu'elle était serviable. « ouais mais ma maman elle doit bien exister quelque part et c'est pas toi.. mais je t'aime quand même, tu sais. » elle a sourit. elle sourit toujours, de toute façon. en même temps, pourquoi elle ne sourirait pas ? elle vivait dans une jolie petite famille constituée de deux parents qui s'aiment, un chat qui se prénommant gribouille - c'est d'ailleurs elle qui avait choisit le prénom - d'un grand frère, charlie et du petit dernier, naël. elle était la seule qui venait d'ailleurs, mais tout le monde faisait comme si de rien était. « tu as raison. je t'aime aussi ma petite hazel. tu appelles ton frère et papa ? » elle voulait lui dire qu'elle n'avait pas de famille. pas de frère, pas de père, ni de mère. mais elle est montée et elle est redescendue, dans les bras de charlie, en riant. « sale petite princesse. » les rires et les sourires. « j'suis pas une princesse sale grand chou-fleur. » 'y semblait ne pas y avoir de problèmes dans cette famille. mais il y en avait, pourtant. y'en a toujours des problèmes. mais hazel, elle ne savait pas. hazel, elle ne savait jamais rien. hazel, elle ne voulait pas savoir. elle vivait sa vie, sage et tranquille. mais elle savait qu'elle ne resterait pas ici. y'avait un autre monde qui l'attendait, le monde de ses parents. elle voulait aller à seattle. elle l'avait déjà dit, mais chloë et charlie disaient que c'était pas une bonne idée. parce que oui, philippe, le papa, il ne disait pas grand chose. mais peu importe. elle, elle voulait juste partir. partir non pas à la recherche d'un monde meilleur, ni de ses parents. partir à la recherche de l'inconnu. car si la majorité d'entre nous craint l'inconnu, elle, elle la cherchait. l'inconnu. l'infini. elle aimait tout ce qui se rapportait à l'infini. sauf les maths. mais les maths, c'était une autre histoire. elle préférait de loin l'anglais et les cours de langues. en maths, son cahier était rempli de petit dinosaures. elle aimait bien dessiner. surtout des monstres et des dinosaures.


❝ A SES ENDROITS MILLE PIEDS SOUS TERRE tout a changé. les gens changent. elle change. il change. il a changé. ils ont tous changé. faut qu'elle se pose. faut qu'elle respire. même juste une fois. mais y'a cette fumée. cette fumée fine qui s'échappe de ses fines lèvres lorsqu'elle fume. elle fume, et ça ne plait pas à chloë. mais philippe lui, il s'en fou. il s'en fou toujours de tout. et charlie a quitté la maison. rien n'est pareil sans charlie. sans l'horrible crapaud qu'elle aimait tant. elle a maintenant quatorze ans et son joli petit monde est en train de s'effondrer. elle chute et emmène ses notes avec elle. alors, ça cri. ça gueule, ça gueule. tout le monde gueule. ça gueule trop. elle n'est pas seule. ils disent qu'elle se met en retrait pour être seule, mais elle n'est pas seule. ils sont trop nombreux dans sa tête, trop nombreux à gueuler. elle peut pas tout supporter. elle veut partir, elle rêve des jours meilleurs. mais pour l'instant, elle passe ses jours à s'éloigner de tout le monde. elle passe ses jours à écouter nirvana. elle passe ses jours à dessiner en buvant du thé, sans lâcher un mot. charlie lui, il est parti. charlie lui, il comprenait et il vivait ça, lui aussi. alors il est parti. et elle partira aussi. il est à seattle. elle ira à seattle. et il sait qu'elle viendra à seattle. mais pour l'instant, rien. à croire qu'elle a perdu l'usage de sa voix. « zéro sur vingt ?! hazel ! c'est quoi ça encore ? » rien. elle l'a regardé dans les yeux, puis elle a baissé la tête. ça fait maintenant trois mois qu'elle ne dort plus, qu'elle ne mange pas assez, qu'elle dort en courts. elle fume, elle ne fait que ça, fumer. elle est souvent essoufflée, d'ailleurs. elle n'a plus envie d'être. elle cherche l'inconnu. mais tout se ressemble. philippe qui s'en fou, qui boit, qui fume, qui gueule. maman qui pleure, qui gueule, qui soupire. et naël qui sourit, encore et encore. gribouille lui, il est mort. et puis charlie qui est parti. charlie, elle ne pense qu'à lui. et puis un jour.. « hé miss, t'as du feu ? » elle a levé les yeux, puis elle a posé son portable pour sortir son briquet et allumer sa cigarette. il est beau, avec sa cigarette entre les lèvres. « nirvana ? t'as d'bons goûts. » il s'est assis. elle s'est grillé une clope aussi. « merci. » elle a laissé ses écouteurs. elle se sentait ridicule, là, assise, avec ses écouteurs, sa clope, habillée d'un pull trop grand, d'un jean ultra serré, et chaussée de doc marteens. elle aurait voulu s'enfuir mais c'était pas possible. il avait une voix rassurante. qui calmait les voix. « j'm'appelle zadig. » voltaire. zadig, de voltaire. voltaire qui est né à paris. voltaire qui est français. voltaire le philosophe. elle avait quatorze ans, mais elle avait lu zadig. « hm, tu connais l'attrape-coeurs ? » elle a tiré un coup sur sa cigarette et elle a recraché sa fumé sur lui, doucement. lui, il a attrapé un de ses écouteurs. « holden caulfield, mon grand amour. » elle a sourit. il faisait incroyablement chaud, pour un soir de décembre. décembre, quel mois magique. « hazel caulfield. » il a sourit. un vrai sourire. un sourire qui lui a donné des frissons. elle aurait aimé l'embrasser. lui dire qu'elle l'aimait. elle aurait aimé lui prendre la main, et s'échapper, s'envoler avec lui. pour seattle. ou pour nul part. sûr que si il lui avait demandé de partir avec lui, elle aurait accepté. « caulfield. ouah, enchanté, caulfield. » ils ont parlé musique et littérature. puis elle lui a donné son adresse, avec l'espoir de le retrouver devant sa porte, lui demandant de partir avec lui sur sa bécane. et elle a attendu.


❝ OU ELLE POURRAIT SOURIRE SANS SOUPIRS elle est tombée dans l'amour. elle a reçu une lettre. et elle a répondu. puis il a répondu à son tour. il a fait de sa vie un rêve. il a rendu ses jours meilleurs. il lui a rendu le sourire, et la parole. et lui a rendu tant de chose. il lui a donné l'espoir. elle est amoureuse. zadig, comme une étoile. elle rêve de débarquer un beau jour chez, lui avec sa voiture. elle lui dirait ; viens, on s'en va. on va parcourir le monde à deux. deux ans de bonheur. deux ans d'amour. deux ans de rêves. et puis plus rien. rien du tout. pendant deux mois, plus rien. mais elle ne pouvait pas y croire. non, il l'appelait "ma petite fleur". il ne pouvait pas la laisser. alors elle a continué d'espérer. et il s'est pointé un beau jour. il s'est pointé avec un briquet et son putain de sourire. il s'est pointé, avec son corps tatoué. « salut, caulfield. » elle avait seize ans maintenant. il en avait dix-huit. mais ils avaient tous les deux le sourire. « zadig... » elle l'a regardé un long moment avant d'avancer d'un pas. juste un pas. et il l'a prise dans ses bras. elle aurait aimé pleurer. mais pas devant lui, ô grand jamais. elle l'a serré bien fort. il sentait la clope. mais elle n'en avait rien à battre. zadig. ils auraient pu rester comme ça des années entières. elle l'aimait. il l'aimait. ils étaient tombés dans l'amour. « ma p'tite fleur. » il s'est écarté un peu. puis il lui a sourit. il a montré sa bagnole toute pourrie. celle qu'il avait payé avec son argent qu'il gagnait en vendant des clopes à ceux qui en avait besoin. « on s'fait un p'tit tour ? » elle était tellement heureuse.. zadig. celui à qui elle avait parlé pendant deux ans sans le voir. celui à qui elle avait accordé toute sa confiance. celui qui l'avait fait renaître de ses cendres. ils ont passé un incroyable journée, puis le soir, il l'a ramenée et il est partit. il était obligé. elle a continué à lui envoyer des lettres encore et encore. depuis ce jour, plus aucune réponse. rien. elle ne pouvait y croire. mais, n'était-ce pas un adieu ?

❝ ET QU'ON LUI DONNE ENFIN.. depuis ce jour, plus rien. zadig s'est barré. il s'est barré comme ça, comme la fumée d'une clope. et pourtant, hazel continue de lui envoyer des lettres de temps en temps. dans l'espoir qu'il lui réponde. et puis elle a déménagé, à seattle. chloë, voyant qu'elle n'allait pas bien, a fait une demande d'émancipation qui a été acceptée. ça fait maintenant un an qu'elle est arrivée à seattle. bien entendu, elle a retrouvé son frère et ces deux là se voient de temps en temps.