Ava fixe son père en boudant, les bras croisé sous son torse. « Avalon, pas la peine de faire cette tête. Si tu veux aller jouer avec tes amis, tu n’as pas le choix. Tu prends ta sœur avec toi ! » La petite leva les bras au ciel. « Mais c’est un bébé ! » Olympe, qui jusque là restait en retrait prit pour la première fois la parole. « Je suis pas un bébé! J’ai six ans! » Avalon poussa un soupir. Elle a huit ans, mais ne peut déjà pas résiter aux yeux larmoyants de sa petite sœur. « Bon d’accord… » Oly pousse alors un cri de joie et toutes les deux se mettent à courir en direction du parc. Au loin, Ava voit déjà ses amis. Juliet, sa meilleure amie, depuis ses quatre ans. Depuis qu’Ava lui a donné un bonbon. Puis il y a Graham, qui vivait aussi dans la même rue. Sans oublier les jumeaux Hamilton, la sœur et le frère de Ju, Lexie et Lincoln. Surtout Lincoln. Ava ne l’avouera sans doute jamais, mais elle craque totalement pour lui. Bon, il s’agit du béguin d’une fille de huit ans, mais quand même. Juliet est la première a repérer les filles Crossburry. « Avaaaa ! » Elle se jette dans les bras de son amie. « Tu es venue avec Olympe ? » Même si Avalon et Juliet sont plus jeunes que les trois autres, elles n’ont qu’un an de moins, alors que l’écart se creuse bien plus avec Olympe, qui a deux ans de moins qu’Ava. Pourtant à chaque fois qu’Ava se retrouve obliger de l’emmener avec elle, personne ne se plaint. Parce qu’elle est la sœur d’Avalon, ses amis l’acceptent. Et aujourd’hui ne fait pas exception à la rêgle, Ju tend la main à Olympe. « Viens Oly. On allait se faire un cache-cache. »

Assise dans le fauteuil faisant face au lit de ses parents, Ava regarde sa mère. Elle n’a peut-être que 13 ans, mais elle n’est pas totalement idiote. Elle a bien vue que quelque chose n’allait pas. Elle a perdue du poids, a perdue tout son bronzage et dort beaucoup. Sa mère est malade, elle le sait. Mais personne ne le dit. La porte s’ouvre alors doucement. Olympe pointe le bout de son nez. « Ava ? » murmure t-elle. Avalon met un doigt devant sa bouche, lui signifiant de ne pas parler fort avant de prendre la parole en chuchotant. « Viens. » Elle lui ouvre les bras et Oly grimpa sur ses genoux. « Maman est malade, hein ? Elle ne fait même plus le petit déjeuner… » Ava sert davantage sa sœur dans ses bras. Finalement, leur mère se réveille doucement. « Ava ? Oly ? Pourquoi vous êtes là. » C’est Olympe qui ouvre la bouche la première. « Tu es malade, maman ? » Leur mère prend alors un visage triste. « Oh les filles. Montez dans le lit. » Rapidement, elles se retrouvent à se serrer dans les bras. « Ca va aller les filles, vous allez voir. Je vais finir par guérir. »

Avalon et Olympe attendent devant la porte. Leur mère a rendez-vous avec le cancérologue. Elle va mieux, et tout le monde attend l’annonce d’une rémission totale. Leur père est à l’intérieur avec elle et les filles attendent en espérant, croisant les doigts, priant, faisant tout ce qui est possible pour espérer l’annonce qu’elles veulent. La porte s’ouvre finalement. Leur père a la mine sombre et avant même qu’ils n’ouvrent la bouche, les filles savent que ce n’est pas encore gagné. Leur mère leur sourit tout de même. Malgré ce foulard qui cache son crâne désormais chauve. « C’est pas encore ça, mais on s’en approche les filles. Je vous le promets. »

« Ava ! Sors de ce lit ! » s’exclame Oly en entrant dans la chambre de sa sœur, Juliet sur les talons. Alors qu’Olympe va tirer les rideaux de la chambre d’Avalon, tandis que la blonde tire la couette et se jette sur le lit. « Mon frère est un crétin. Mais toi, pourquoi tu restes encore au lit ? » Ava attrape son oreiller et le met sur sa tête, aveuglée par la lumière du soleil. Elle veut pas sortir de son lit, elle veut juste profiter de son chagrin. C’est toute l’image qu’elle avait de son avenir qui s’effondre.  Elle a bien le droit de déprimer un peu. Bon d’accord beaucoup. Olympe vient à son tour poser ses fesses sur le lit de sa grande sœur. « J’ai peut-être un truc qui va te sortir de ton cocon. » « Quoi ? » marmonne Ava, sans même bouger la tête. « Tu te souviens de cette année que tu voulais passer à enseigner à des enfants handicapés. » Elle lâche un soupir. « Je te rappelle qu’ils ont refusés. » Olympe tire alors l’oreiller et pose une feuille sur le visage de sa sœur. « Un autre institut est intéressé. Mais pas ici. A Boston. » Avalon s’assied alors sur son lit et se met à lire le courrier en question. Il parle de la faire commencer dés septembre. « Mais je vais pas partir toute seule. » Juliet sourit alors à son amie. « Et pourquoi pas ? Je sais que mon frère t’a fait souffrir. Prendre du recul te feras du bien. » Ava pose alors sa tête sur l’épaule de sa meilleure amie. « Si seulement je comprenais pourquoi… » Oly attrape alors la main de sa sœur. « Tu partirais pas toute seule. J'ai été accepté à l'université là-bas. On resterait ensemble. »

La porte de la chambre s’ouvre et Olympe entre pour se jeter sur sa sœur. « Tu es la plus belle des mariées ! » Ava lui sourit, tandis qu’Oly dépose un énorme baiser sur sa joue. C’est le jour du mariage. Avalon a décidé de le faire dans le jardin de ses parents, en petit comité. Elle voulait juste les gens importants de sa vie, elle n’avait pas besoin de plus. « Tu n’es pas mal non plus en demoiselle d’honneur ! » « Pas autant que moi ! » s’exclame alors Juliet qui entre à son tour dans la pièce. Avalon les a toutes les deux choisis pour être auprès d’elle. Les deux femmes de sa vie comme elle les appelle. « Arrêtez de vous mettre en compétition, les filles. C’est pas très jolie pour des demoiselles d’honneur. » Elles se mettent alors à pouffer toutes les trois. Ava n’aurait pas pu commencer cette journée mieux. Même si une question la taraude tout de même. « Lin’ va bien. Rassures-toi. Il a promis d’être heureux pour toi. »

Un main se pose sur l’épaule d’Avalon et elle sursaute. Elle se retourne pour se retrouver face à Juliet. Derrière, Lincoln et Graham sont là et plus loin Olympe regarde la scène en silence. « Tu les a appeler ? » demande Ava à cette dernière. « Je sais que eux tu les écoutera. » Elle prend une profonde inspiration et lâche ce qu’elle tenait en main. « Écouter quoi ? » « Tu fais quoi là, Ava ? » lui demande alors Ju. « Je fais un feu de joie avec les affaires de mon traitre de mari. » Ils la regardent tous, choqués. Cela ne fait que deux jours que Maxim est mort. Il n’a même pas encore été enterrés, mais jusque là, elle ne sait jamais mis en colère, même à propos de cette histoire de hold-up. Elle s’est contenté de pleuré, encore et encore. La colère, c’est rare de la voir apparaitre chez elle. « Elle est comme ça, depuis qu’elle est rentrer du poste de police ce matin. Ils voulaient lui poser des questions. Tu sais pas pourquoi, Linc’ ? » reprend alors Oly. « On m’a viré de l’enquête quand ils ont su qu’on se connaissait. » marmonne t-il. Ava passe ses mains dans ses cheveux dans un geste rageur. Elle est sur le point de craquer, et elle le sait. « Ils ont découvert que mon très cher mari n’en était pas à son premier coup d’essai. En réalité, il a fait une quinzaine de braquage dans sa vie. Dont 7 alors qu’on était ensemble. » Elle a alors un rire dur, les larmes commençant à ruisseler sur son visage. « J’ai passé dix ans avec ce type et je ne savais rien de lui. Je … » Elle éclate alors en puissant sanglot et peine à respirer. Tous la regarde, encore abasourdie par ses révélations. Ava, s’éffrondre alors au sol et continue à pleurer, les fesses sur le carrelage froid. Lincoln est alors le premier à réagir et vient la serrer dans ses bras. Les deux autres viennent aussi à leur tour autour d’elle. Ju lui caresse les cheveux, tandis que Graham passe une main rassurante dans son dos. Ava s’accroche à la chemise de Lincoln et pleure comme elle n’a jamais pleuré. A la mort de Lexie, elle avait tenté de les relever, tout les trois, du mieux qu’elle pouvait. C’était apparemment leur tour. Olympe, elle, regard la scène et pleure en silence, se sentant impuissante face à la détresse de sa sœur.