il est déjà vingt heures. une clope calée entre ton index et ton majeur, tu commences seulement à t'activer. tu vas encore être en retard au boulot. tu envoies un texto à robb, pour lui dire que s'il se fait chier ce soir, il peut passer boire des coups au trinity. tu sais au fond qu'il viendra certainement pas, parce qu'il doit s'occuper de jody. mais c'est ton pote alors, tu préfères essayer.
t'enfiles ton blouson de cuir et jette ton mégot dans le cendrier du salon. tu pars à pied jusqu'au trinity. on est jeudi soir, y'aura du monde tu le sais. ça te fait chier. mais y'aura des filles, alors ça te fait moins chier tout à coup. tu te dis que t'aimerais bien ramener quelqu'un ce soir. ça fait longtemps. au moins cinq jours. quand t'arrives à la boite, le patron est là. il voudrait bien te gueuler dessus que t'es en retard, que t'étais absent à la réunion de pré-soirée. mais il a trop peur que tu te tires. et le trinity sans jed... ça vaut plus rien. tu souris en pensant ça. tu vas dans la partie staff only, tu poses ton blouson, fume une dernière cigarette et regarde l'heure, dans une petite heure, l'endroit sera bondé. et les filles te mangeront dans la main.
et pari tenu. une heure plus tard, une petite brune trop maquillée mais on fait abstraction, semble fascinée par tes cocktails. t'aimes un peu moins les brunes que les blondes, mais pour ce soir, ça suffira. « tu te débrouilles hyper bien avec les cocktails... » elle te dit. tu as une idée, tu commences à lui préparer un « cocktail spécialement pour elle » celui que tu prépares à chaque nana que tu comptes sauter, en somme. et elle a des paillettes dans les yeux. pendant que tu prépares ton cocktail, bourré de tous les alcools forts que tu trouves et adouci par du sirop de grenadine, tu regardes un peu le monde qui a envahi la salle. et tu repère des cheveux blonds. des cheveux blonds qui n'ont rien à faire là. tu lâches ton verre et plisse les yeux. lynn. lynn en train de danser. lynn en train de danser avec un mec, ici. le truc improbable. mais ce qui te frappe c'est lynn avec un autre mec. la brune se rapproche. « ça va ? » elle demande. tu souris et tu quittes le comptoir pour aller jusqu'à la piste et virer lynn d'ici. tu lui attrapes le bras et la tire loin de la piste. le type, bourré, essaie de t'en empêcher. « ferme ta gueule. » tu lui dis, me bras de lynn toujours accroché à ta main. tu l'emmènes un peu plus loin. « mais qu'est-ce que tu fous ici ? » tu t'énerves. tu la regarde, elle est belle, comme toujours, mais il y a un truc différent : elle est bourrée. « putain, tu te fous de ma gueule, t'es complètement bourrée, lynn ! »

faut bien avouer que dans la seconde, t'as envie de lui retourner deux baffes. tu supportes pas de la voir comme ça. elle ressemble pas à... lynn. elle est là, complètement morte, le regard vide. elle est plus celle que t'as connue. elle est plus celle que t'as aimé. et d'un coté tu te dis tant mieux, ça t'évites d'avoir envie de l'embrasser. mais d'un autre coté, tu peux pas t'empêcher de penser que c'était bien la vie avec elle... tu chasses ces pensées de ta tête et tu te reconcentres sur ton alcoolique d'un soir. pas habituée à l'alcool, tu sais déjà que lynn va vomir et que demain, elle va avoir mal à la tête. par chance pour elle, on est jeudi soir, elle pourra sécher les cours demain. tu souris : lynn qui sèche les cours, trop fort.
lynn te tombe dessus, mais se relève, difficilement, toute seule. tu soupires. « je me sens.. pas bien.. » la blonde tombe sur toi, instinctivement, tu la serres contre toi. bien sur qu'elle se sent pas bien. quand on sait pas boire, on boit pas... elle relève sa petite tête vers toi, les yeux d'une enfant de cinq ans. tu craques forcément... mais tu sais que c'est pas une bonne idée tout ça. tu souris, difficilement à ta poupée. « viens dehors, ça te fera du bien. » tu lui dit. tu la gardes contre toi et l'emmène jusqu'à la sortie de service, où elle pourra dégueuler tranquillement. sur le chemin, tu croises un collègue. « tu me remplaces s'te plait. je vais la ramener chez elle.. » il regarde la blonde, éclate de rire. toi aussi, en d'autres circonstances, tu serais mort de rire. mais là c'est lynn, alors c'est beaucoup moins drôle. jusqu'à demain, en tout cas. t'attrapes ta veste au vol en passant par ton « bureau » et tu pousses la porte, qui mène sur l'entrée de service, ruelle déserte. il fait frais forcément, on est début novembre, à seattle, fallait pas s'attendre à un miracle. tu poses ta veste sur les épaules de lynn et dégage ses cheveux de son visage. « respire. » tu lui dis. et puis t'attends.

la vrai solution, ce serait de laisser lynn. tu sais que tu t'aventures dans un terrain dangereux là, en t'occupant d'elle. mais tu peux pas t'en empêcher. lynn est toujours à toi... tu voudrais la garder contre toi, l'empêcher de faire des conneries, l'empêcher de devenir comme toi. et tu sais que la meilleure solution pour ça, c'est de la mettre le plus loin possible de toi. soupire. lynn respire, comme tu lui as dit. et puis elle se courbe. et l'affreux bruit apparaît. tu regardes au loin, tu la laisse se libérer. et puis elle se relève. en vérité tu la vois à peine, elle est juste un peu éclairée par la lune. « je suis désolée.. » elle s'excuse. tu hoches la tête. t'es toujours en colère contre elle. énervé qu'elle ait pu se mettre dans un état pareil. « je savais pas que c'était de l'alcool, j'te le jure ! » elle se justifie. toute personne normalement constituée sait qu'on vient pas en boite pour boire un pepsi. mais malheureusement, il s'agit de lynn, et tu es sur qu'elle ment pas. elle savait pas, c'est certain. « c'est bon. c'est juste une cuite. tu vas pas mourir. » tu dis froidement. tu peux pas t'en empêcher, parce que si t'es trop gentil, ça va mal finir. enfin, ça va bien finir donc ça va mal finir. c'est compliqué tout ça... « bouge pas. je vais chercher des clés de voiture. j'te ramène chez toi, t'en as assez fait ce soir. » tu dis. tu t'engouffres sans attendre sa réponse. tu te dépêches de trouver des clés de voiture. tu laisses un mot au propriétaire, ton collègue, pour dire que tu la ramèneras demain. mais c'est pas la première fois que tu prends sa voiture. en général, quand tu ramènes une fille chez toi, il te la prête.. tu fais vite, parce que t'es pas serein à l'idée de laisser lynn toute seule. de retour dehors, elle a pas bougée. tu vas vers elle, passe un bras dans son dos, l'autre sous ses genoux et tu la soulèves. elle pèse à peine vingt kilos, t'as l'impression. tu crois porter un bébé. mais c'est elle ton bébé. tu la déposes sur le siège passager de la voiture, l'attaches... et tu monte au volant. « éh, tu vomis pas pendant que je conduis hein. c'est pas ma voiture. » tu lui expliques.

allez. tu la ramènes. tu la poses devant la porte. et tu te tires. ouais voilà, c'est ça que tu vas faire. c'est ça qu'il faut faire. pas d'ennuis. pas de sentiments. juste un service rendu. ce sera ta b.a du jour. et demain ton karma sera meilleur, et une bombe viendra frapper à ta porte en culotte pour te féliciter. ouais. bien sur. « t'étais pas obligé tu sais.. de m'aider je veux dire » elle dit doucement. tu lèves les yeux au ciel. comme si t'aurais préféré qu'un autre type la ramène dans sa voiture... « merci. » elle ajoute. en regardant dehors. « jfais ça pour pas que tu te fasses violer. » tu dis, seulement. et puis tu te focalises sur la route. pour pas penser à elle. pour pas penser à son sourire, son rire. pour pas penser à ces nuits tous les deux. pour pas penser, tout simplement. quelques minutes plus tard, t'arrive devant chez elle. t'as envie de lui dire, descends tu connais la route. mais tu peux pas. tu peux pas la laisser comme ça. et puis, t'as pas envie en plus. merde. tu te rends compte que chaque minute passée avec elle ne fait que t'enfoncer dans ce truc que tu veux éviter. tu veux choper la première fille qui passe, la ramener chez toi, la sauter et lui dire de partir. oui mais là, la première fille c'est lynn. et lynn, tu lui as déjà dit de partir. et elle est partie, physiquement, mais dans ta tête elle est toujours là. merde. « allez, viens. » tu dis. elle sort de la voiture. tu passes ton bras dans son dos et tu la ramènes. dans l'appartement, tout te semble familier, t'en a passé du temps ici. ouais... tu lui enlèves ta veste, que tu jettes sur le canapé. tu l'emmène jusqu'à la salle de bain. tu lui enlèves la robe, mais tu la regardes pas. tu peux pas. faut pas abuser non plus sur tes capacités de retenue... tu la mets sous la douche et fait couler l'eau tiède. deux, trois minutes. assez longtemps pour la rafraichir de toute cette soirée. et puis tu la sèches. t'as l'impression de t'occuper de ta petite sœur, soudain. dans son lit, tu bordes lynn. tu peux pas t'empêcher de lui déposer un baiser sur le front. « ça va aller ? j'y vais maintenant. » tu dis, en lui caressant le front, doucement.

elle était là, dans son lit. t'arrivais pas à savoir si elle te faisait penser à un animal blessé ou à un bébé... dans son lit, elle redevenait la lynn que t'avais connu. ça devenait encore plus dangereux pour toi, pour elle, pour tout le monde en fait. tu réalises alors seulement, que t'es dans sa chambre. tu te souviens plus la dernière fois que t'étais venu ici. mais ça faisait déjà quelques temps. tu dis à lynn que tu vas partir, et elle s'accroche à ton bras. « me laisse pas toute seule s'il te plait.. » eh merde. tu regardes sa main autour de ton poignet. t'as envie de vomir toi aussi, de courir, le plus loin possible de cette fille. pourquoi y'a fallu que tu t'entiches d'une gamine dans ce genre là ? quitte à tomber amoureux, t'aurais pu choisir une fille comme toi, ç'aurait été plus simple. non mais attends, déjà stop, on tombe pas amoureux, point à la ligne. t'es sur de toi, tu te casses d'ici. « jed.. » mais tais-toi, toi aussi. tu fermes les yeux, inspires profondément... ne pas la regarder, c'est ça la solution. « tu sais que c'est pas une bonne idée. repose toi, envoie moi un message demain, ok ? » tu dis, toujours sans la regarder. et tu quittes sa chambre. tu reprends ta veste et sors de l'appartement. voilà, c'est bien. dehors, t'allumes vite une cigarette et tu remontes dans la voiture. tu donnes un coup dans la vitre. ça fait mal, mais ça te calme un peu... tu fumes ta cigarette, sans démarrer. et qu'est-ce qu'elle avait besoin de se pointer au trinity aussi. y'a trois milles boites dans cette putain de ville, pourquoi toi ? t'as vraiment un karma de merde. tu regardes l'immeuble. non, n'y retourne pas. rentre chez toi ? retourne au club trouver une fille. une brune, histoire d'éviter toute confusion. ouais mais nan, c'est une blonde que tu veux. tu veux celle qui comate dans son lit, là-bas... « putain, tu fais chier lynn. » tu dis, en ressortant de la voiture. tu jettes ton mégot et retourne jusqu'au loft. tu rentres sans frapper. tu vas jusqu'à sa chambre et tu te couches derrière elle, sans rien dire. dans ta tête, tu te fous des baffes, tu sais que t'aurais pas du. mais c'est la faute de lynn.

déjà tu regrettes. tu regrettes ce lit, ton retour vers elle, son odeur à coté de toi, la mèche de ses cheveux qui te chatouille le cou. putain, c'que tu regrettes... tu fermes les yeux. tu te dis que peut-être tu vas t'endormir vite. on sera vite demain et tu partiras. mais tu sais très bien que tu dormiras pas. « je croyais que c'était pas une bonne idée.. » dans le noir, tu hausses un sourcil. tu l'as dit, c'est pas une bonne idée du tout. tu réponds pas. c'est mieux. garder le silence, le plus longtemps possible. mais tu connais lynn, ça s'arrêtera pas là. elle est stressée, en plus d'être bourrée, elle va jamais s'arrêter. et toi... tu vas te battre indéfiniment avec ta conscience pour ne pas lui faire de mal une nouvelle fois... « tu m'en veux toujours ? » là tu la regarde finalement. tu vois juste un peu ses yeux. ses petits yeux, plein d'espoir. c'est la plus jolie. tu soupires. « allez, tais-toi, viens. faut que tu dormes. demain, tu vas en chier. » tu dis seulement ; ça oui, elle va avoir mal à la tête demain matin.
et puis tu la rapproches de toi. elle sous les draps, toi par dessus. ça limite le contact. tu sens ses cheveux. tu fermes les yeux et coupe ta respiration. tu sens sa peau contre la tienne. tu refermes les yeux et remonte le draps sur elle pour pas la toucher. sans savoir pourquoi, tu penses à robb et kiko. et tu te dis qu'ils se foutraient bien de ta gueule s'ils savaient dans quelle merde tu t'es foutu. du coup, toi aussi tu souris. ça ouais t'es dans la merde. tu sens une nouvelle fois ces cheveux. si tu lui en veux toujours ? non. tu lui en a jamais voulu. enfin, juste peut-être d'elle trop elle, et pas assez comme toi. mais si ça avait été ça, elle t'aurais pas plu. « jsuis désolé, lynn. jvoulais pas te faire de mal. tu devrais te trouver un mec cool, genre petite chemise rentrée dans le jean, tu risquerais rien avec ce genre de type. » tu penses pas un mot de ta dernière phrase. mais tu compense avec la première, que tu penses vraiment.

là soudain, ça te revient en tête. un soir où tu bossais pas. t'étais venu passer la soirée avec lynne, chez elle. pas de soirée, pas d'alcool, deux clopes sur son petit balcon. robb et kiko s'étaient bien foutu de toi quand tu leur avais raconté ça le lendemain. lynn stressait pour son exam du lendemain. elle était là à faire les cents pas en stressant tout ce qu'elle pouvait. toi t'étais dans son canapé, en train de bouffer – tu bouffes tout le temps – rien n'avait pu la calmer. sauf toi, toi et tes bisous dans le cou, toi qui lui caressais les cheveux. toi. c'est là que t'avais commencé à te dire que lynn elle risquait gros en continuant de trainer avec toi. t'arrivais pas à dire « sortir » ça faisait trop... trop. mais trainer c'était bien, ça engageait pas trop, mais assez quand même. assez pour avoir le droit de casser la gueule au premier type qui osait la regarder. jamais un de tes potes auraient touché à lynn. pourtant, elle est plus jolies que toutes les putes que vous pouvez croiser en soirée. mais lynn, c'est comme si y'avait un panneau lumineux au dessus de sa tête « propriété de jed. » y'en fallait pas plus pour calmer tout le monde. et ce soir, le panneau n'est plus là. elle n'est plus à toi. l'a-t-elle jamais été d'ailleurs ? t'en sais plus rien. ton cerveau est complètement embrumé. parce que t'es là, un jeudi soir, couché à coté d'elle. t'as vraiment l'impression d'être à ta place ici. mais paradoxalement, tu sais que tu devrais être ailleurs.
et puis tes excuses à la con. quelqu'un t'aurait dit un truc pareil, tu lui aurais retourné deux claques. t'espères qu'elle te croit un peu. qu'elle comprend que tu fais ça pour elle. « c'est pas ça que je veux, pas ce genre de gars. moi ce que je veux c'est t.. » tu fermes les yeux. parles pas lynn. tu sais pas de quoi tu parles en plus. « .trouver quelqu'un qui prendra soin de moi » ouais. ben c'est bien ce que tu disais. c'est pas toi ce type. bien sur que tu pourrais prendre soin d'elle. tu ferais d'elle une princesse. la reine du monde si elle voulait. mais tu pourrais aussi la foutre six pieds sous terre. et le problème, c'est que t'arrives pas à savoir comment ça finira vraiment... elle sort des draps et te fait face. tu peux pas t'empêcher de la regarder. t'as envie de lui dire, t'es la plus belle lynn, la plus belle de toutes. mais tu le dis pas. parce que c'est trop compliqué. t'as aussi envie de lui dire, jte laisserai plus, jte ferai plus de mal. mais tu le dis pas non plus. parce que tu sais pas si c'est vrai. tu te redresses dans son lit. « jvais fumer une clope. y'a toujours pas de bières chez toi ? » tu dis. changer de sujet. oublier. c'est la solution que tu choisis à chaque fois.

c'était bien compliqué tout ça. tu aurais pu faire plus simple. déjà en ignorant lynn, en la laissant se faire draguer par un pauvre type. et puis en la laissant rentrer chez elle seule. mais c'était comme ça. plus fort que toi. tu ne voulais pas qu'elle puisse être avec un autre que toi. pourtant, c'était bien fait, tu l'avais laissée partir. ou plutôt, tu l'avais abandonné. comment tu pouvais croire qu'elle allait t'attendre ? toi t'avais bien réussi à passer à autre chose. physiquement parlant, en tout cas. des tas de filles étaient passées depuis, dans ton lit ou dans le leur, ça n'avait aucune importance. depuis lynn tu t'étais bien gardé de dire à une fille que tu l'appréciais et tu t'étais bien gardé aussi d'en voir une plus de deux fois. ta vie était tranquille, sans problème. lynn n'apparaissait que rarement. t'étais pénard. et ce soir, il avait fallu qu'elle déconne ou du moins presque. assez pour que tu te soucies d'elle à nouveau. assez pour que tout remonte. assez pour que t'ai plus envie de la quitter. t'aurais presque pu lui dire, viens on recommence à zéro tous les deux. mais tu te retenais. ouais, c'était mieux comme ça.
il fallait que tu fumes une clope. lynn ne fumait pas alors, t'essayais toujours d'être assez poli pour fumer dehors sur le balcon. d'habitude tu... ouais, d'habitude. y'avait plus d'habitude à avoir. « je crois qu'il y en a une, je suis pas sure, c'est kiko qui l'a laissé là la dernière fois, enfin si elle est là.. » tu hoches la tête, kiko est toujours dans les bons coups. tu pouvais pas être jaloux de lui, kiko c'était ton bro, tu savais qu'il aurait jamais touché à lynn. « fume dedans si tu veux, enfin.. t'as l'habitude. » tu dis rien. allez lynn, fous pas trop le bordel dans ma petite tête de petit con. tu prends une cigarette dans la poche de ta veste que t'avais laissé tomber par terre. tu la coinces entre tes lèvres et tu files jusque'à la cuisine. mais t'ouvre même pas le frigo. tu t'en fous en fait. tu vas pour aller sur le balcon, et lynn est là, tant pis, tu sors quand même. l'air frais te fait du bien. c'est là que tu comprends que t'étouffais là dedans. tu allumes ta clope, tire longtemps dessus et respire l'air frais en fermant les yeux. et puis tu regardes lynn. tu passes un bras autour de son cou et la serre contre toi. « t'es jolie quand même quand t'es bourrée. » tu dis, en souriant, le menton appuyé sur sa tête.

tu comptes plus les soirées que t'as déjà passées sur ce balcon. lynn dans tes bras, toujours. ce soir aussi. et comme d'habitude, t'as envie de l'embrasser. mais elle est plus à toi. t'as plus le droit de faire ça avec elle. avec toutes les autres oui, mais avec lynn non. ça te fait chier, faut bien le reconnaître. t'aimerais bien pouvoir rimaginer ta vie avec elle. qu'elle redevienne tienne. mais c'est trop compliquer de sortir avec une fille comme elle. tu la bousilles, elle te rend dingue. y'a rien de sain dans tout ça. t'as envie de rentrer chez toi, maintenant. parce que tu sais que tu vas pas tenir encore longtemps à faire le mec sérieux qui touche pas. lynn dans ta tête, elle est toujours à toi. et puis tu vois bien comme elle est là. « m-merci.. » elle dit. tu sais que tu peux faire ce que tu veux d'elle, là tout de suite. et c'est tentant. oublier que tu l'as abandonné et l'embrasser, voire plus. lynn c'est ta poupée. pas ton jouet, ta poupée. et ça fait une sacré différence dans ta tête. peut-être pas dans celle des autres. mais tu t'en fous. là tout de suite, tout ce que tu veux c'est lynn. « j'ai besoin d'un verre d'eau. » elle s'envole à toute vitesse. tu restes là. fume ta clope. tu regardes seattle, du moins ce que t'en vois depuis là. tu prends le temps de te calmer. oublier lynn. rentre chez toi, jed. tire toi d'ici. c'est ce que te dirais robb et kiko, pour sur. et tu pourrais exceptionnellement rappeler une fille que t'as déjà sauté, juste pour ce soir. histoire de te changer les idées. ouais, c'est une sacrée bonne idée ça. tu jettes ton mégot par le balcon.
tu retournes dans l'appartement et cherche lynn. au bout de quelques minutes, il ne reste plus qu'une pièce : la salle de bain. tu restes de l'autre coté de la porte. « lynn, si t'as désaoulé, je vais partir, non ? » tu dis, en regardant la porte. ouais, peut-être qu'il vaudrait mieux que tu partes maintenant.

Lynn Beals a écrit:

everything is so blurry..

Jed & Lynn

JEt là, dans la salle de bain, je me suis mise à pleurer. C'est sortit tout seul, sans que je comprenne même pourquoi. Je n'avais pas envie d’être cette débile qui s'accroche à un gars qu'elle n'aura jamais. Je me faisais des idées par rapport à lui et moi, tout ce qu'il avait fait ce soir c'était pas parce qu'il tenait encore à moi, ni parce qu'il voulait me récupérer d'une façon ou d'une autre. Je devais me faire à la dure idée que Jed ne voulait pas d'une fille qui ne se rend même pas compte qu'elle a de l'alcool dans son verre. Je me rendais compte de ma stupidité maladive, je n'étais pas faite pour lui hein. La lucidité me revenait et ce n'était pas une bonne idée qu'il soit là. Pas avec mes yeux remplit de larmes, pas avec mon envie d’être dans ses bras. Ça ne devait pas se faire. Jed me faisait beaucoup trop d'effet pour qu'il reste plus longtemps. Je me passais de l'eau sur le visage, espérant qu'il ne remarque rien. S'il me voyait comme ça, il me trouverait encore plus pathétique. Je voulais pas qu'il ai pitié de moi, je voulais qu'il m'aime et c'était impossible. J'avais compris trop tard qu'il n'était pas le genre de gars à vouloir rester avec une fille aussi bête que moi. Il lui fallait mieux que moi, dix fois mieux même. « lynn, si t'as désaoulé, je vais partir, non ? », je sursaute en entendant sa voix. Je sentais que je n'étais pas encore tout à fait dans mon état normal mais ça allait passer. Je me regardais une dernière fois dans la glace, on ne pouvait presque pas voir mes yeux rouges. J'ouvris la porte, un sourire forcé aux lèvres. « Oui, tout vas bien, tu peux y aller. T'as sûrement des trucs à faire. », des filles avec qui coucher, pas me surveiller. Je renifle pour contenir un nouvel assaut de larmes. Je me dirige vers la porte en espérant qu'il me suive. Pars, s'il te plait.

B.DAVIS sur Bazzart.

lynn fini par ouvrir la porte et te faire face. elle a les yeux un peu rouge, mais t'arrive pas à savoir si c'est parce qu'elle a pleuré ou parce qu'elle est encore imbibée d'alcool. elle sourit quand même, elle se force, mais tu la trouves belle quand même. lynn est tout le temps belle de toute façon. « oui, tout vas bien, tu peux y aller. t'as sûrement des trucs à faire. » ouais, c'est sur. elle quitte la salle de bain. tu attrapes ta veste par terre dans sa chambre et la suis. c'est maintenant que tu pars. t'es un grand garçon, tu vas quitter cet appartement, calmement, sans faire de vagues. elle reste silencieuse et toi aussi. lynn t'ouvres la porte. tu passes devant elle et te retourne. ah non, jed, on avait dit sans faire de vagues... tu prends son menton entre ton pouce et ton index et lui relève la tête vers toi. et puis tu plaques tes lèvres contre les siennes. sans faire de vagues, ouais. de ta main qui tient pas ta veste donc, tu lâches son menton et caresse sa joue pour finir ta course dans ses cheveux. et bizarrement, tu te sens plus calme, beaucoup plus calme. lynn t'apaise toujours autant, c'est indéniable. tu t'éloignes. tu peux pas la regarder après ça... « salut. » tu dis. quel con, ça oui t'es un sacré connard. tu fermes la porte parce qu'elle ne le fait pas et tu te dépêches de rejoindre l'auto. assis au volant, tu te passes les mains sur le visage et donne un coup de point dans le volant. t'es vraiment un con.
t'attrapes ton portable, cherche un numéro. « allo ? » fait une petite voix. cette petite brune, tu l'aime bien. « t'es chez toi ? j'arrive. » elle accepte, tu raccroches et démarre. il faut oublier lynn. vite.