Oh, she cried again ๑ Jordan & Hope

Pour une fois, la journée avait bien commencé. Hope n'avait pas chuté une seule fois et ses tremblements étaient un peu moins intenses. C'était un jour normal comme il y en avait rarement. Elle était de bonne humeur, souriante, enjouée, elle allait bien pour une fois, sans raison apparente. Aujourd'hui elle n'était pas la malade de Parkinson, elle était Hope, jeune femme normale profitant de la vie qu'on lui avait offerte. Tellement qu'elle en oubliait même son traitement en cette journée spéciale. Elle s'était levée du bon pied, sans cauchemar, elle avait pris sa douche journalière, et elle s'était préparée pour sortir. Elle était seule, mais pour une fois ça lui était égal. Il était vrai qu'elle aurait préféré de la compagnie mais elle n'avait pas envie de déranger son frère ou sa cousine à cause d'un petit caprice. Ils avaient déjà assez de problèmes comme ça à cause d'elle. Surtout son frère d'ailleurs. Elle culpabilisait souvent à son propos. A cause d'elle, il n'avait pas de relation sérieuse, trop occupé à protéger sa sœur. Ca l'énervait. Elle aurait voulu le faire se bouger une bonne fois pour toutes pour qu'il la lâche et qu'il vive sa vie. Certes, elle avait irrémédiablement besoin de lui, mais ce n'était pas pour autant qu'il devait se priver de tout pour elle. A ce rythme-là, il ne serait jamais marié, et il n'aurait jamais d'enfant ! Elle n'avait pas envie de le voir à jamais solitaire tout ça parce qu'il était bien trop protecteur envers sa petite sœur. Et elle, aurait-elle des enfants un jour ? Elle n'y pensait que très rarement, n'ayant pas de petit-ami, étant assez jeune, mais lorsqu'elle y pensait, un nœud se formait dans sa gorge autant que dans son estomac. Peut-être qu'elle ne serait pas capable d'en avoir, et ça la tiraillait. Elle secoua la tête pour ne plus y penser et sortit de chez elle, le sourire aux lèvres, malgré tout heureuse en cette journée. Dans la précipitation, elle en oublia ses cachets, bêtement, ce qui allait lui coûter cher.
Elle appela un taxi pour se rendre au nord de la ville, à son endroit favori, le lac. Elle aimait se poser là-bas pour se détendre, aimant l'atmosphère malgré la fraîcheur, aimant le paysage merveilleux qui se dressait devant elle à chaque fois. Là-bas, elle se sentait bien, reposée, tranquille. C'était l'ingrédient manquant à sa bonne humeur. Elle régla la course du taxi et se posa au bord du lac tranquillement pour admirer l'environnement. Ca avait toujours été son endroit préféré de toute la ville. C'était paisible. Ici, c'était comme si le temps s'arrêtait, comme si d'un seul coup, plus rien n'importait, comme si le Parkinson n'existait pas, comme s'il ne l'avait jamais frappée, comme si tout allait bien. Alors elle allait ici pour se ressourcer, prendre un bon bol d'air. Elle resta un moment comme ça, sans bouger, à simplement regarder, le sourire aux lèvres. Mais elle sentit de nouveau sa main trembler. Elle fronça les sourcils, se concentrant pour cesser ce tremblement mais rien à faire. La maladie était de retour, le calme avait été emporté par la tempête. Elle se leva alors, agacée, énervée, désemparée. Elle avait froid aussi. Elle se retrouva face à un restaurant avant d'avoir eu le temps de chercher un taxi. Comme elle avait un peu faim et qu'elle n'avait aucune envie de rentrer chez elle, pensant que peut-être le tremblements cesseraient par miracle dans ce restau, elle entra. Un serveur l'installa à une table et elle ouvrit rapidement le menu. Ses mains se cessaient de trembler, de plus en plus intensément. Elle posa alors brutalement le menu sur la table, un peu honteuse et fixa ses mains pour retenir leurs tremblements. Rien n'y faisait, c'était toujours pareil et après plusieurs minutes, elle se rappela qu'elle avait oublié de prendre ses cachets. Quelle idiote. Elle regarda autour d'elle, un peu paniquée. Ca y est, elle craquait de nouveau. Elle fixait de nouveau ses mains sans même cligner des yeux. Puis une fine larme coula brutalement et elle baissa le visage pour se cacher. Comme les pleurs semblaient incontrôlables, la jeune femme se couvrit le visage de ses mains, toute tremblante, faible, vulnérable. Elle était en public, et elle n'arrivait pas à retenir ses larmes. Une crise de plus. Bientôt, tout le monde comprendrait que quelque chose n'allait pas chez elle. Personne ne semblait comprendre sa détresse et à vrai dire, même elle avait du mal. Elle espérait une journée normale, sans problème, sans Parkinson, mais la maladie l'avait bien vite rattrapée et l'empêchait de passer une seule journée comme n'importe qui le ferait. Ca lui était apparemment totalement exclu. Elle était condamnée à porter le fardeau de ce fléau chaque jour de sa vie. Elle ne savait pas combien de temps encore elle le supporterait, mais sans doute pas longtemps. Elle était déjà épuisée de se battre.